15 avril 2024 à 14h31 par Johan Gesrel

Disparition du couple de boulanger à Madère : "aucune info sur l'ADN", témoigne leur fille Johanna

Johanna Blond, une des deux filles du couple de boulanger disparu sur l'île de Madère au Portugal, s'est rendue ce lundi 15 avril à Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne) pour accompagner la réouverture de l'établissement. Au micro de TOTEM elle évoque l'enquête et l'avenir de la boulangerie.

Johanna Blond, une des deux filles du couple de boulanger disparu à Madère
Johanna Blond, une des deux filles du couple de boulanger disparu à Madère
Crédit : Johan GESREL

Malgré la disparition de ses parents à Sao Vicente sur l'île de Madère au Portugal et malgré l'enquête toujours en cours, Johanna Blond a souhaité rouvrir la boulangerie L'Epi Blond de Beaumont-de-Lomagne (Tarn-et-Garonne) ce lundi 15 avril. La jeune femme s'est rendue à la mi-journée dans l'établissement pour apporter son soutien moral aux six salariés qui ont repris le travail. Après un entretien avec le maire de la ville Jean-Luc Deprince, la fille de Véronique et Laurent Blond s'est adressée à quelques rares médias dont TOTEM. 

Johanna, comment vous sentez-vous en cette journée un peu particulière pour vous ?

"C'est difficile parce que la réouverture du commerce sans mes parents à l'intérieur c'est vraiment de fortes émotions. J'ai l'impression qu'on leur fait faux bond et en même temps j'ai l'impression qu'on leur rend hommage. C'est vraiment dur de passer la porte et de ne pas les voir."

C'était important que le commerce continue de survivre ?

"De toute manière on en a besoin parce qu'un commerce qui ne fonctionne pas c'est un commerce qui perd de l'argent. On ne pense pas qu'à l'argent mais il faut y songer un peu. Le commerce ne doit pas perdre de sa valeur si nous ensuite voulons le faire perdurer ou le revendre. On a aussi des salariés qui comptent sur nous. C'était donc important que tout le monde puisse retrouver sa place avec son travail et son salaire. Et puis c'est important que les clients puissent retrouver le confort d'un commerce de proximité avec des produits de qualités comme auparavant."

 

"On pense que c'est accidentel mais on n'a aucune confirmation"

Comment s'est passée la réouverture ?

"Nous avons fait une première réunion avec les salariés il y a quinze jours pour essayer de repenser les horaires d'ouverture en prenant en compte les contrats de chacun (...). Ensuite un mandataire judiciaire a pris le relais pour toute la gestion des comptes en banques, des salariés et des fournisseurs. Cela nous déleste avec ma soeur d'un certain poids."

Quelles sont les dernières informations dont vous disposez en provenance du Portugal ?

"Rien du tout. Ce que l'on sait remonte au 4 et 5 avril dernier lorsqu'on nous a dit que deux corps avaient été retrouvés. Nous n'avons eu aucune information sur l'ADN. J'ai lu dans un article que l'ADN de ma mère avait été prouvé mais moi je n'ai eu aucune information."

On ne connaît rien sur les causes du décès ?

"Non, toujours pas. On pense que c'est accidentel mais on n'a aucune confirmation."

Vous souhaiteriez que des obsèques aient lieu à Beaumont-de-Lomagne ?

"Non pas nécessairement. On aimerait quand même qu'un hommage à mes parents soit rendu ici pour que tout le monde puisse venir se recueillir d'autant qu'ils avaient pas mal d'amis ici. On va sans doute faire le choix de funérailles du côté de Toulouse là où j'ai de la famille personnelle."

 

"Les gens ont su capter l'âme de mes parents"

Les clients avec qui on a discuté ce matin étaient très émus...

"Oui, on a vu aussi passer de nombreux messages sur les réseaux sociaux. Les gens ont su capter l'âme de mes parents. Quand ils les décrivent, ils parlent de ma mère comme quelqu'un de très souriante, empathique, et mon père toujours avec son côté rigolo. En fait c'était vraiment eux donc je suis très heureuse de voir que les gens ont su capter leur caractère et qui ils étaient."

Que peut-on vous souhaiter désormais ?

"De se reconstruire et de vivre au jour le jour. On souhaite d'abord avant tout entamer notre deuil avec un enterrement décent. Tant qu'on n'aura pas ça malheureusement ce sera toujours difficile pour nous de vraiment réaliser que c'est la réalité. Tant qu'on n'a pas d'urne c'est difficile. Pour l'instant ça reste fictif. On a l'idée mais on n'a pas la réalité. On souhaite leur rendre hommage avec des obsèques dignes de ce nom et ensuite on va essayer de se reconstruire individuellement chacun et reprendre notre petite vie."