Quatorze tarn-et-garonnais condamnés dans un vaste trafic de drogue

Une très longue audience pour une très grosse affaire. Ce lundi, les juges du tribunal correctionnel ont passé la journée à décortiquer ce qui est présenté comme un vaste trafic de stupéfiants. Ce dossier très lourd visait 14 tarn-et-garonnais sur une période allant de 2017 à 2020 avec pour principales ramifications Caussade, Montech et Montauban.

Le "renard", le "phacochère" et les "kinder"

Cette affaire traitée en deux volets distincts a pour point commun trois principaux suspects actuellement en détention. L'un d'eux, considéré comme le principal commanditaire est le seul à ne pas avoir été jugé. Son avocate ayant fait défection la veille de l'audience, il se retrouve sans possibilité de défense et sera finalement jugé le 30 mars prochain.

L'enquête menée par les gendarmes et les nombreuses heures d'écoute ont permis plusieurs interpellations et des perquisitions aux domiciles des suspects et ceux de leurs proches. Plusieurs sommes en liquide dont une de 100 000€ mais aussi des savonnettes de résine de cannabis sont retrouvées chez un des principaux protagonistes surnommé "Le renard".

Chez d'autre, des "olives" de cocaïne (petits pochons conditionnés) et quelques armes sont mis sous scellés. Ces petits pochons de cocaïne était parfois conditionnés dans des pastilles surnommés "kinder" en reférence aux boules dans les chocolats de la marque Ferrero. Celles-ci servaient aux projections au-dessus de la Maison d'Arrêt de Montauban.

Au fil des auditions, on découvre le rôle de chacun : de la tête de pont qui se fournit dans le quartier des Izards à Toulouse jusqu'à l'intermédiaire en passant par le simple revendeur. Le bénéfice généré par ce trafic semble pourtant bien bas : 2000 euros par mois pour celui qu'on surnomme le "phacochère".  "A peine un smic en trois mois", ajoute un avocat pour la défense de son client.

Les "mules" guyanaises arrivaient en gare de Caussade 

Parmi les prévenus : deux hommes sont soupçonnés d'avoir fait venir des femmes de Guyane qu’ils utilisaient comme « mules ». Elles étaient chargées de transporter 500 grammes de cocaïnes qu'elles ingéraient. "J'allais les chercher à la gare de Caussade puis les logeais à l'hôtel pour récupérer la marchandise", décrit un des suspects. "On leur payait ensuite le retour. A certaines on leur trouvait un stage dans le Tarn-et-Garonne".

Des parents reprennent le trafic de leur fils incarcéré

Le père et la mère d’un dealer étaient aussi poursuivis pour avoir géré de façon temporaire le trafic de cannabis de leur fils quand celui-ci était incarcéré. "Je voulais que mon argent soit en sécurité", justifie le prévenu. A la barre, le père reconnaît avoir livré des capsules de cannabis à un client de son fils contre une remise de 25 000€ en liquide. "Pourquoi avoir accepté ?" demande le juge Emmanuel Abentin : "La bêtise, la connerie. Je ne trafiquais pas, je l'assistais dans sa transaction", argumente le papa. 

En pleurs, la maman âgée de 53 ans et au casier judiciaire vierge reconnaît avoir "cédé" à son fils. Lors de l'unique transaction, elle s'est d'ailleurs trompée sur la somme en liquide et a du  revenir pour récupérer le trop perçu. "Je n'ai pas mesuré les conséquences et les dangers".

Le fils a été condamné à 5 ans de prison ferme. Son avocat Me Alexandre Martin, réagit au micro de TOTEM :

 

Au bout d'une longue journée, les juges ont condamné l'ensemble des prévenus sans exception. Les peines les plus légères vont de 2 mois de prison avec sursis jusqu'à 5 ans de prison ferme. Les sommes découvertes et les saisis de drogue sont confisqués. A noter qu'un des principaux protagonistes, condamné à 5 ans de prison, ne s'est pas présenté lors du délibéré. Un mandat d'arrêt a été délivré à son encontre.

 photo : l'épais dossier d'instruction pour les quatorze prevenus jugés ce lundi au tgi de montauban (crédit : johan gesrel.)