6 septembre 2019 à 11h20 par Johan Gesrel

"Flic suicidé à moitié pardonné" : le gilet jaune écope de 4 mois de prison avec sursis

Tarn-et-Garonne 200 policiers d’Occitanie sont venus ce vendredi matin à Montauban assister au procès du gilet jaune de Caussade qui avait affiché le slogan « Flic suicidé, à moitié pardonné ». Il a été condamné à 4 mois de prison avec sursis.

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Dans le Tarn-et-Garonne, le gilet jaune qui avait inscrit sur son camion « flic suicidé, à moitié pardonné » en avril dernier a été condamné à 4 mois de prison avec sursis. Le prévenu, un homme de 69 ans, originaire de Montalzat près de Caussade, devra en outre verser 800€ à Alliance Police Nationale au titre du préjudice moral. Le syndicat qui s’était constitué partie civile dans cette affaire a mobilisé quelque 200 policiers venus de toute l’Occitanie. Réunis devant le tribunal, ils sont venus exprimer leur colère alors que le malaise dans les commissariats se poursuit. On recense 48 suicides dans la police française depuis le début de l’année, soit un suicide tous les 5 jours.

"Un gilet jaune suicidé, un RSA économisé?" demande le juge

Lors de l’audience, le gilet jaune de 69 ans peine à expliquer son geste. "Pourquoi cette affiche?", demande le juge. "Pour rien, j’ai juste repris un slogan que j’avais vu la veille". "Mais vous avez un cerveau ?", tempête le magistrat, visiblement agacé… "et si je disais « un gilet jaune suicidé, un RSA économisé » que diriez-vous ?" Confus, le sexagénaire dit ne pas avoir réfléchi.

Face à lui, l'avocate d'Alliance Police Nationale rappelle qu'il est très rare pour le syndicat d'intervenir dans ce genre de procès. "Ce n'est pas anodin. Ce monsieur ironise sur le suicide des policiers. C'est une insulte aux forces de l'ordre et à leurs proches. Le préjudice collectif est réel et doit être sanctionné". "Avec ce slogan", ajoute le procureur, "vous vous réjouissez de la mort des policiers". Le parquet recquiert 4 mois de prison avec sursis et 140 heures de Travaux d'Intérêt Général (TIG).

Me Laurent Mascaras, l'avocat de la défense, estime que le contexte du mouvement des gilets jaunes permet de comprendre ce geste regrettable, faisant référence aux débordements de Mai 68 et au slogan de l'époque "CRS-SS". Me Mascaras insiste sur le fait qu'il y a eu des gilets jaunes blessés lors des manifestations et des affrontements avec les forces de l'ordre : "c'est une réalité. On est dans un mouvement de révolte. Il y a aussi des souffrances chez les gilets jaunes".

"Pas de regrets, ni d'excuses"

Dehors, devant le palais de justice, la sono et les ballons gonflables géants occupent le terrain. A l'annonce du jugement, Philippe Lavenue, délégué régional d'Alliance Police Nationale en Occitanie, déclare que la peine est juste mais le procès incomplet : "Le prévenu n'a exprimé aucun regret, aucun remord. Aucune excuse n'a été formulée en direction des familles des policiers", regrette le syndicaliste. Les 200 policiers se sont ensuite réunis devant le commissariat de Montauban pour un barbecue géant. "Un clin d'oeil ironique en direction du ministre de l'Intérieur", souffle un policier. Une réponse à une note interne dévoilée en mai dernier et qui suggère de promouvoir la convivialité au sein des forces de l'ordre afin de remédier au malaise ambiant au sein de la police nationale.

PHOTO : le gilet jaune de caussade a la sortie du tribunal (crédit : johan gesrel.)